Habitat et Environnement

La vocation de cet espace est de présenter des projets concrets d'intégration naturelle de l'habitat dans l'environnement.

De la conception d'un projet à la vie dans de tels habitats en passant par leur réalisation, nous vous proposons des retours d'expérience qui sont autant de sources d'inspiration pour créer votre propre projet.

Parce qu'aujourd'hui, nous ne pouvons que constater les réactions extrêmes de l'environnement (évolution rapide du climat, pollution de l'eau et de l'air, ...) à un mode d'exploitation inadapté (surconsommation d'énergie, surconsommation des ressources naturelles, ...), la création ou la réhabilitation de l'habitat dans le respect de la nature est incontournable. Construire avec des matériaux locaux, mettre en place des systèmes durables : autonomes et autorégulateurs, intégrer la dimension bien-être en utilisant des matériaux sains et une architecture adaptée au lieu, autant de solutions qui sont tout à fait réalisables.

Réagissez aux articles en soumettant vos commentaires, il sont là pour être enrichis. Le partage des expériences est riche d'enseignement. Les commentaires font l'objet d'une modération a posteriori : si les réactions sont largement ouvertes sur le fond, sur la forme, la courtoisie ne nuira pas au débat.

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Le projet SoleilS

Interview de Guy PAROLA, Architecte du projet SoleilS

De quand date votre engagement dans l’éco-conception et comment y êtes-vous venu ?

Valority Investissement a été sollicité en 2000 pour participer à un concours visant la réalisation d'une salle des fêtes HQE – Haute Qualité Environnementale - à Gardanne, le premier projet HQE des Bouches-du-Rhône. Comme nous ne savions pas trop ce qu'était le HQE à l'époque, nous nous sommes renseignés et nous avons constaté que c'était très proche de notre façon de voir les choses. J'ai donc suivi, avec mon associé, une formation d'une année en formation continue organisée à Lyon par une école d'architecture Parisienne. Puis nous avons été lauréat du marché de cette salle des fêtes dont le projet a finalement été abandonné pour diverses raisons. Quoiqu'il en soit, nous intégrons systématiquement le critère environnemental dans les projets d'architecture que nous traitons.

Quels sont vos critères de choix pour accepter ou non un projet ? Par exemple, expliquez-nous les raisons qui vous ont amené à travailler sur le projet SoleilS.

J'ai travaillé sur le projet SoleilS tout d'abord parce que les porteurs de ce projet m'ont contacté, je ne vais généralement pas au devant des projets, et parce que lors de notre première rencontre, qui donne systématiquement lieu à une discussion à bâtons rompus pour faire connaissance, j'ai trouvé que nous avions des atomes crochus. Si on me présente un beau dossier et que je sens que je n'ai pas d'affinité avec le porteur du projet, je le refuse. Le critère relationnel est un de mes premiers critères de choix. De même, j'accepte un projet si je pense que je peux servir à quelque chose, apporter de l'aide au porteur de projet, c'est mon second critère de choix.

C'est une posture altruiste qui n'est pas toujours compatible avec la réalité économique du cabinet, mais c'est une forme d'engagement moral envers moi-même et envers mes clients qui me convient parfaitement. Enfin, je ne travaille pas sur un projet d'architecture s'il n'y a pas de terrain. J'ai besoin de connaître des contraintes à priori pour mener l'étude dans un cadre concret permettant d'appuyer mon raisonnement.

Quelles sont les particularités de l’architecture d’une maison bioclimatique par rapport à une maison conventionnelle ? Dispose-t-on de la même latitude de créativité ?

Oui, il est tout à fait possible d'être créatif et de concevoir une architecture non stéréotypée ; rejeter le bioclimatique sous prétexte qu'il ne permet pas de faire du beau, c'est aberrant. On est pas obligé, sous prétexte que les murs seront construits en paille, de faire une maison Mexicaine ! Certains principes sont intangibles pour le bioclimatique mais ils s'appliquent également pour toute architecture d'habitat quel qu'il soit car ils relèvent d'une logique d'intégration de l'habitat dans l'environnement et priment sur les matériaux ou les techniques employées. :

une exposition au sud (ouvert au sud, fermé au nord),

une utilisation maximale de la parcelle de terrain, y compris dans ses inconvénients qui peuvent être transformés en avantages,

un confort d'usage intérieur et extérieur.

L'exposition au sud permet de profiter au maximum de l'ensoleillement et de la lumière.

Le positionnement de la maison sur la parcelle va intégrer le plan de déplacement extérieur, gérer les pentes pour définir le niveau de la maison, gérer le bruit environnant par la mise en place de barrages phoniques ... Même si ce n'est pas de l'architecture en tant que telle, c'est un peu d'astuce et beaucoup de bon sens. Le confort d'usage tient compte de la présence de l'homme dans l'habitat et du mode de vie des habitants. Il concerne la qualité des espaces, la logique de l'organisation spatiale selon les usages (pièces de vie au sud, pièces de service au nord) et la qualité de la lumière.

Dans une architecture bioclimatique, on intégre des haut-vents pour la protection solaire, des toitures végétalisées pour l'isolation, des systèmes de free cooling intégrés à la structure (puit provençal/canadien ou système externe de ventilation à lame d'air), des systèmes de récupération d'eau, ...

Quoiqu'il en soit, le travail de l'architecte, c'est de créer un lieu de vie agréable et simple pour que son confort d'usage soit durable.

L’éco-construction est un domaine nouveau pour lequel il existe pour l’instant peu de documentation de référence (DTU). Est-ce que tous les architectes sont qualifiés pour travailler sur des projets d’éco-construction ou cela nécessite-t-il d’acquérir des compétences spécifiques ? Est-il est souhaitable par exemple qu’ils participent à des chantiers d’éco-construction pour bien en maîtriser toutes les spécificités ?

Oui, ce serait intéressant que les architectes participent à des chantiers pour disposer de retours d'expérience concrets, mais ils sont confrontés à un problème de disponibilité. Il faut savoir par ailleurs qu'un architecte ne couvre jamais un projet jusqu'à sa construction pour des raisons de limite des couvertures d'assurance auxquelles il peut prétendre. A minima, il est nécessaire de se documenter et d'appliquer le devoir de précaution. Le réseau envirobat par exemple est une bonne source d'information (www.envirobat-med.net). Il est parfois nécessaire également de se référer aux pratiques anciennes ou plutôt de se questionner sur le pourquoi nos anciens réalisaient les choses d'une certaine façon et pas d'une autre.

En ce qui me concerne, j'essaie de rester pragmatique et de trouver des solutions faciles à implémenter parce que, sur le chantier, les ouvriers ne lisent pas toujours les plans d'architecture. D'autant plus que, souvent, les porteurs de projet ne font pas réaliser les dossiers d'exécution. Ils se passent de cette étape pour des questions budgétaires se contentant des interprétations réalisées par les différents bureaux d'étude (fondations, charpente, ...). Or, les plans d'architecture ne sont pas suffisamment détaillés pour guider les bureaux d'étude et les intervenants sur les chantiers. Les dossiers d'exécution réalisés par les architectes contiennent les spécifications de construction : caractéristiques des matériaux (sections, poids, ...), principes de montage, caractéristiques des accrochages (fixations, diamètre), ... Souvent d'ailleurs, les porteurs de projet regrettent après coup d'avoir sauter cette étape parce qu'il ne disposent pas de support de contrôle des travaux réalisés.

Quels conseils pouvez-vous donner à des porteurs de projets d’éco-construction en phase préparatoire : choix du terrain, préparation des plans, choix de l’architecte ?

La clé c'est le terrain : pas de pente nord, pas de lieu qui ait une antériorité négative comme une ancienne décharge par exemple. Une analyse de site est impérative : le ressenti des futurs habitants, les masques, les vues, l'orientation des vents. Il ne faut pas hésiter à visiter le terrain plusieurs fois dans différentes configurations environnementales. Quant à l'architecte, il faut s'assurer qu'il laissera les futurs habitants s'approprier le projet. Lorsque je conçois une architecture, j'élabore un argumentaire justifiant chaque élément de la conception, mais si mon client réfute un argument alors j'adapte le projet à sa demande.

En tant qu’architecte, vous pouvez influencer les changements de pratiques, comment voyez-vous l’évolution des architectures de bâtiments dans le contexte actuel de prise de conscience environnementale ?

Si on arrive à faire prendre conscience que le site est important, alors on aura une grande influence. L'éducation est la clé, il faut éduquer les jeunes générations à la logique d'intégration de l'habitat dans l'environnement et éviter les diktats. Les choix doivent être motivés pour être compris et acceptés, mais je pense qu'il faut compter 10 à 20 ans avant que les messages passent. La mise en place de consultations publiques au niveau des villes et villages permettra d'impliquer les citoyens dans les choix d'évolution des cités.

De mon côté, je vais essayer de travailler à présent sur des constructions en petit collectif avec mutualisation de services, mélange d'âges, voire à terme multi-social et multi-culturel. Ce sont des habitats à taille humaine, de 9 à 10 logements sur 5 étages maximum pour maintenir le rapport au sol. L'objectif étant de faire de la qualité environnementale, les économies réalisées grâce à la TVA à 5,5% au lieu de 19,6% peut permettre de faire des investissements au minimum sur l'isolation et les énergies renouvelables. Ce type de projet nécessite d'impliquer le public et le privé : les mairies pour l'acquisition des terrains, les artisans en ossature bois pour l'industrialisation des pratiques, les bailleurs sociaux, les particuliers, ... Mon souhait le plus cher, l'âge de la retraite approchant, est que ce projet soit bien accueilli et qu'il puisse se démultiplier.

Le budget 30/12/08

Ventilation sur les principaux postes

PosteMatériaux (T.T.C.)Main d'oeuvre
Terrassement et Fondations45 k€comprise (artisan)
Ossature bois et Charpente90 k€comprise (artisan)
Toit : Construction et isolation10 k€20 jours à 2 pers.
Photovoltaïque : 1ère tranche 70 m²50 k€15 jours à 2 pers.
800 bottes paille + ossature7 k€120 jours à 2 pers.
Enduit (budget prévisionnel)10 k€30 jours à 2 pers.
Menuiseries vitrages18 k€10 jours à 2 pers.
Puit provencal3 k€6 jours à 2 pers.
Phyto-épuration3 k€comprise (artisan)
Terrasse végétalisée 45 m²8 k€comprise (artisan)
Solaire thermique 8m²15 k€comprise (artisan)
Second œuvrenon défini

Permis de construire 18/04/08

Pour monter le dossier, comme pour concevoir le projet technique, nous avons fait appel à un architecte, Guy PAROLA, certifié HQE (Haute Qualité Environnementale) et rompu au montage des dossiers administratifs. Sa participation à la phase de conception a apporté une grande valeur ajoutée au projet, mettant en évidence les points de vigilence tant sur le plan technique que sur le plan administratif. Il a préparé un dossier professionnel en anticipant, grace à son expertise, tous les écueils liés au caractère écologique de la construction vis à vis de l'administration et de la législation.

Au cours de l'élaboration du dossier, nous avons pris contact plusieurs fois avec le maire du village pour présenter notre projet en toute transparence et l'accompagner de toutes les explications nécessaires à sa bonne interprétation.

Enfin, le dossier abouti, nous avons alors pris l'initiative de réunir l'architecte, la DDE et le maire. L'objet de cette réunion a été de présenter le projet dans un esprit d'ouverture au dialogue pour permettre aux différentes parties prenantes d'exprimer leur avis, d'émettre les éventuelles réserves administratives ou légales, et de proposer, le cas échéant ,des évolutions faisant alors l'objet d'un débat collectif en séance. Les débats ont porté par exemple sur le toit, rendu totalement bleu par la présence de panneaux photovoltaïques, une zone bleue qui vue du ciel semblait poser un problème d'incompatibilité avec l'environnement naturel. Cette réserve a été levée, considérant que dans les campagnes, on voit déjà depuis le ciel des zones bleues comme les piscines ! Au final, le projet a été accepté en l'état moyennant quelques aménagements mineur.

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Financement et ressources 17/04/08

Le financement a été obtenu à la NEF, avec le crédit coopératif, les seuls organismes financiers a avoir accepté notre dossier. Dans un premier temps, nous avons sollicité des banques "classiques", mais aucune n'a accepté de financer notre projet, elles ne comprenaient pas notre démarche. Cette dernière s'appuyant sur une part importante d'autoconstruction, nous n'étions pas à même de fournir des devis détaillés sur l'ensemble du projet, les banques ont, de ce fait, éprouvé des difficultés à valoriser la maison.

L'autoconstruction partielle permet d'alléger en partie le budget, néanmois, le budget prévu reste insuffisant pour terminer complètement la maison et ses abords, l'objectif étant de la rendre fonctionnellement habitable. Les finitions seront réalisées par la suite au fur et à mesure de nos capacités financières. Le budget se décompose en 3 postes principaux :

Il va de soi qu'un tel projet, de par son côté précurseur, nécessite d'être entouré de personnes qui s'investissent au delà de la stricte exécution des tâches qui leurs sont confiées, à commencer par l'architecte et le maçon. Ce sont généralement des personnes elle-mêmes engagées dans une démarche écologique.

Pour dégager du temps pour le chantier, financièrement contraints de maintenir notre activité professionnelle à temps plein pendant la construction, nous nous sommes organisés pour l'exercer sur 4 jours, et libérer ainsi une fin de semaine de 3 jours. nous avons prévu de loger dans une caravane installée sur le terrain, à partir du moment où les fondations et la structure seront terminées.

Par ailleurs, nous organisons des chantiers participatifs lorsque les travaux le permettent, c'est à dire lorsqu'ils ne nécessitent pas de compétence particulièrement pointue mais simplement un besoin ponctuel de plus de main d'oeuvre.

Terrain et Conception 16/04/08

Le choix du terrain a été guidé par deux critères majeurs "une zone périurbaine" (située en provence dans la région d'Aix-Marseille) et "des axes de communication développés" notamment au niveau des transports en commun. Le terrain choisi est en zone naturelle, à proximité d'un village qui dispose d'une gare ralliant les grandes villes à proximité. Ce terrain constructible n'est pas raccordé, ce qui engage à exploiter au mieux les ressources naturelles disponibles. Seule une alimentation électrique est disponible.

Couvert de grands pins, ce lieu avait, au départ, un aspect sombre et peu accueillant. Après avoir abattu une partie des arbres pour permettre la construction de la maison, la lumière est entrée dans le lieu et a considérablement modifié l'énergie qui s'en dégage. Pour chaque arbre coupé, deux arbres seront replantés sur le terrain à l'issue de la construction pour préserver le côté mère nourricière de la forêt.

Le terrain choisi, nous avons conçu les plans de la maison avec l'aide d'un architecte, Guy PAROLA, architecte HQE (Haute Qualité Environnementale). Le projet s'est articulé autour de plusieurs principes :

Les matériaux :

L'origine du projet 15/04/08

Ce projet est né de la convergence de nombreux désirs et d'une réelle volonté de passer à l'acte. Bien que n'étant pas du métier du bâtiment, nous sommes, depuis longtemps déjà, engagés dans des projets autour de l'écoconstruction et plus largement autour de l'écologie. Fort de ces retours d'expérience, il nous est venu l'envie de vivre quelque chose qui nous soit propre. Nous avons donc décidé de nous engager dans la construction d'un lieu de vie avec la plus faible empreinte possible sur l'environnement.

L'idée est de s'installer en zone périurbaine pour bénéficier d'un environnement naturel tout en étant à proximité d'axes de communication suffisemment développés pour permettre l'accès aux bassins d'emploi et aux activités culturelles. L'objectif recherché n'est pas l'autarcie, mais l'autonomie. Nous ne souhaitons pas créer quelque chose de fermé, mais, au contraire, un système ouvert humainement et environnementalement ; un système qui ne va pas ponctionner l'environnement mais plutôt rendre autant que possible. Cette maison doit nous permettre de vivre avec notre temps, car nous ne sommes pas opposé au développement mais simplement à la surconsommation. Il y aura donc au moins autant de confort que dans une maison traditionelle, nous pensons d'ailleurs qu'il y en aura bien plus, la construction écologique apportant un caractère plus sain à l'habitat.

L'enjeu est de pouvoir vivre dans ce lieu en adoptant une démarche de décroissance : moins travailler pour vivre mieux ! La viabilité de la maison, conçue pour réduire au minimum les dépendances aux systèmes classiques, aura un impact budgétaire moindre qu'une maison conventionnelle.

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La structure - Maison SoleilS

L'isolation phonique

Les sons sont constitués de plusieurs fréquences : des fréquences hautes (aigus) aux fréquences basses (graves). Chaque matériau va atténuer la transmission d'une bande de fréquence donnée : en simplifiant, les sons aigus sont arrêtés par un matériaux dur même s'il est fin (10 mm), c'est l'effet masse, alors que les sons graves sont arrêtés par des matériaux épais et mous, c'est l'effet ressort. Une isolation phonique est réalisée classiquement par un système masse-ressort-masse.

La maison SoleilS présente la particularité d'avoir été séparée en 2 logements sur un plan horizontal. L'isolation phonique se situe donc au niveau du plancher R+1 et non pas au niveau d'un mur mitoyen qui serait beaucoup plus facile à isoler. En effet, sur un sol, il faut gérer, en plus des bruits aériens, les bruits d'impacts (comme les pas). De plus, la question phonique n'a pas été pensée par les bureaux d'étude et n'a donc pas été anticipée, ce qui présente une réelle difficulté de mise en œuvre. Le chantier de la maison SoleilS n'a pas été suivi par une maitrise d'œuvre professionnelle et aucun corps de métier sollicité (bureaux d'études, conseillers) n'a relevé ce point.

Dans la situation actuelle, il a été décidé de multiplier les systèmes masse-ressort-masse. Description de la solution mise en œuvre du niveau R au niveau R+1 :

Premier système :

Résultat constaté : Ce système a beaucoup amélioré l'amortissement des bruits aériens, mais très peu les bruits d'impact.

Deuxième système :

Résultat constaté : Ce système a permis une atténuation satisfaisante des bruits aériens, la transmission se faisant d'ailleurs plus par les fenêtres à présent que par l'intérieur de la maison ! En revanche, à cette étape, les bruits d'impact restent problématiques.

Troisième système :

Ce tCe troisième système qui reste à poser devrait résoudre les problème d'impact. Dans le cas contraire, il est envisagé la dépose du faux plafond du niveau R et la création d'une structure porteuse légère pour réaliser un nouveau faux-plafond permettant d'obtenir un découplage total entre les niveaux R et R+1. En effet, compte-tenu de la structure poteaux-poutres de la maison SoleilS, la taille et la masse des poteaux et des poutres utilisés n'est pas une source de risque de transmission phonique. Le problème se situe principalement au niveau du plancher séparant les deux étages : la solution idéale requiert un découplage total du plancher R+1 et du plafond R, ce qui signifie donc qu'il faut recréer une structure porteuse prend ses appuis autant que possible sur une autre structure (ex : murs en BTC).

Les cloisons

Au rez de chaussé de la maison SoleilS, les cloisons situées face aux fenêtres sud ainsi que la cloison centrale à laquelle sera adossée une cheminée ont été réalisées en BTC. BTC signifie Brique de Terre Crue (ou Compressée). Cette matière présente des caractéristiques importantes d'inertie thermique, les cloisons en BTC absorbent la chaleur provenant du rayonnement solaire et régulent sa restitution dans la maison. La BTC est également un bon isolant phonique de part sa densité.

Les BTC de la maison SoleilS ont été réalisées exclusivement en terre. La terre est compressée et les briques obtenues sont ensuite séchées à l'air libre. Les briques sont alors assemblées avec un mortier chaux-sable et pigments pour monter les murs. Les briques de terre crue sont perspirantes car elles contiennent des bulles d'air qui proviennent de l'action mécanique de compression. Selon la qualité de la terre ou selon l'usage des briques (murs intérieurs, extérieurs, ...), la terre peut être mélangée avec de la chaux ou du ciment pour augmenter la cohésion, dans ce cas, les briques perdront de leurs propriété perspirantes.

A l'étage, il n'y a aucune cloison en BTC à cause de leur masse et de la descente de charge induite. Cela serait possible moyennant une structure poteaux-poutres avec des sections de pièces de bois beaucoup plus importantes, mais cela n'a pas été le choix fait pour la maison SoleilS. Les cloisons sont donc en Fermacell (l'équivalent écologique du BA13) et en Stramit. Le Fermacell est composé d'un mélange de plâtre issu de gypse naturel et de fibres de cellulose, les panneaux de Fermacel sont positionnés au centre des cloisons. Sur le Fermacel sont ensuite posées des plaques de Stramit : des panneaux de paille recouverts de papier recyclé (épaisseur 35 ou 60mm). Les cloisons seront alors peintes avec une peinture écologique.

Pour compenser la perte d'inertie due à l'utilisation de ce matériaux, l'épaisseur des enduits sur les murs en Paille a été augmentée par rapport au rez-de-chaussé.

Les enduits intérieurs sur les murs en paille

Le revêtement des murs intérieur est réalisé avec différentes matières. Les murs d'enceinte étant en paille, ils ont été recouverts principalement d'un enduit à la chaux. Certains seront recouverts d'un enduit terre.

L'enduit à la chaux se compose de 3 couches : un gobti qui permet de fixer la paille en surface et de créer une couche d'accroche pour le corps d'enduit, un corps d'enduit et un badigeon qui ferme l'enduit.

Le compresseur fournit la puissance nécessaire pour la projection de l'enduit sur les murs. Les caractéristiques du compresseur utilisé sont les suivantes :

La nécessité d'une telle puissance se justifie par l'organisation d'un chantier de pose d'enduits. Pour être efficace un tel chantier nécessite :

Comme il n'en existait pas d'occasion, le compresseur a été acheté neuf car son prix d'achat équivalait au prix de location sur la durée du chantier des enduits extérieurs et intérieurs. Il a été revendu ensuite à un autre auto-constructeur pour un chantier de construction de maisons en paille dans un futur écohameau.

Les enduits

Après la préparation des murs, la pose des enduits peut commencer.

Les enduits posés sur la paille doivent être respirants, ils sont donc réalisés sur une base de chaux en non de ciment. Sur la paille, qui a besoin d'être totalement protégée, l'enduit est un élément structurant. La pose des couches les plus épaisses est soumise à des contraintes de température pour éviter la fissuration. En effet, les fissures se créent lorsqu'il y a une différence de vitesse de séchage entre la partie externe de l'enduit et sa partie interne, l'eau cherchant à s'évaporer vers l'extérieur, si la face externe sèche avant la face interne, l'enduit se fissure au moment du sèchage de la partie interne pour laisser sortir l'eau. Aussi, sur les murs extérieurs, c'est un poste difficile à réaliser en autoconstruction ; en revanche, la pose intérieure, moins exigeante, peut être réalisée par les autoconstructeurs.

La première couche s'appelle un gobti, c'est un mortier très liquide, composé d'un mélange de sable assez gros et de chaux dosé à 2 pour 1. Projeté sur la paille, c'est une couche d'épaisseur très fine qui va rentrer dans les fibres et qui permettra au corps d'enduit d'accrocher aux murs. Les angles de fenêtre et de porte sont renforcés avec de la fibre de verre avant la projection. Cette couche est délicate à poser parce que la paille est un matériaux souple qui fait rebondir le gobti lors de la projection.

La seconde couche s'appelle le corps d'enduit, elle est également composée d'un mélange sable-chaux. C'est cette couche qui va cacher tous les défauts et masquer les irrégularités, c'est le redressé : on met le mur d'aplomb, on fait les tableaux de porte et de fenêtre. Sur la paille il n'est pas nécessaire de faire un corps d'enduit très épais, 10 à 15 mm d'épaisseur suffisent, car ce matériaux doit respirer plus de l'intérieur que de l'extérieur. La capacité de respiration est déterminée soit par l'épaisseur de la couche d'enduit, soit par le dosage de la chaux, plus on va vers l'extérieur, moins on dose. Le dosage du corps d'enduit va donc être beaucoup plus faible que celui du gobti, de l'ordre de 4 pour 1.

... A venir ...

La troisième couche s'appelle l'enduit de finition. Toujours composé d'un mélange sable-chaux, il est réalisé avec un sable plus fin pour faciliter la pose compte-tenu de la faible épaisseur de cette couche (4 à 5 mm). Le dosage est de 4 à 5 pour 1. Cet enduit sert à protéger le corps d'enduit, c'est lui qui fait l'étanchéité à l'eau. En l'absence de badigeon, c'est à cet enduit que sont mélangés les pigments de coloration.

... A venir ...

Le badigeon, quatrième et dernière couche, n'est pas systématique. En effet, selon les bonnes pratiques, un enduit de finition doit être réalisé d'une seule traite sur une même facade afin de ne pas créer de raccords. Le badigeon permet, dans le cas contraire, de masquer les raccords. Un badigeon est composé d'eau et de chaux aérienne éteinte qui a la particularité de durcir dans le temps. Si un badigeon est posé, c'est alors à lui que seront mélangés les pigments de coloration sans qu'il soit nécessaire de pigmenter l'enduit de finition. Cela étant, comme le badigeon est très très fin (il s'apparente plus à une peinture qu'a une couche d'enduit), à l'usage le moindre impact fait apparaître la couche précédente et donc son absence de teinte. Il est donc possible d'opter pour une autre solution qui est de pigmenter l'enduit de finition et de poser un badigeon coloré, même s'il est généralement difficile d'obtenir exactement la même teinte pour les deux couches.

Préparation des murs à la pose des enduits

Avant la pose des enduits, la paille est surfacée avec une tronçonneuse ou un taille-haie. Ce surfaçage répond à deux objectifs :

Le surfaçage enlève environ 2 cm d'épaisseur de chaque côté du mur. Pour la maison SoleilS, c'est un taille-haie qui a été utilisé pour surfacer, plus léger c'est un outil plus facile à manipuler.

Les murs doivent ensuite être préparés en particulier en bouchant les zones restées creuses entre les bottes de paille et dans les zones jointives avec les éléments de la structure comme les portes, les fenêtres ou encore le toit.

Les imperfections du mur en paille extérieur comme intérieur sont gérée avec deux techniques :

La paille en vrac permet de reboucher les interstices entre les bottes, le vrac est alors bien compacté dans l'interstice Un mortier maigre chaux-paille permet de boucher les imperfections de surface.

Le mortier est préparé à la bétonnière en mélangeant de la chaux, du sable et de la paille.

Les murs en paille

Le montage des murs en paille commence dés que le toit de la maison est terminé, c'est à dire étanche. Avant de démarrer la construction des murs, il faut impérativement protéger le chantier de la pluie. Un mur de paille peut prendre de l'eau sur ses flancs sans qu'il y ait de problème de pourrissement ; en revanche il ne doit pas prendre l'eau par le dessus car le séchage d'une botte de paille mouillée à cœur peut demander jusqu'à une année. Deux paramètres sont à prendre en compte pour élaborer la technique de bâchage du chantier : la pluie et le vent. Les bâches devront être posées de telle sorte qu'elles restent efficaces même par temps de pluie et de grand vent.

Une autre consigne est à prendre en compte sur le chantier paille : la prévention contre le feu. Une maison paille terminée ne craint pas particulièrement le feu, pas plus qu'une maison réalisée dans d'autres matériaux (hors béton). En revanche, lors de la construction les règles à s'imposer sont draconiennes : aucune flamme ou cigarette sur le chantier et un nettoyage quotidien en fin de journée de toute la paille tombée au sol pour éviter les départs et la propagation rapide du feu.

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La paille est intégrée dans la structure bois porteuse de la maison dite poteaux-poutres. A l'extérieur, les bottes de paille embrassent entièrement les poutres porteuse qui ne seront donc pas visibles, c'est un des moyens d'éviter que la charpente soit en contact avec l'eau. A l'intérieur de la maison SoleilS, les poutres seront affleurantes à la paille et donc visibles.

Les bottes de paille doivent être posées à 40 cm minimum au dessus du sol du terrain pour éviter les remontées humides. Le terrassement réalisé autour de la dalle de la maison SoleilS a donc respecté cette contrainte.

Au sein de la structure bois poteaux-poutres, les bottes de paille sont posées sur une ossature légère en bois réalisée avec des planches de coffrage de 20 cm de large.

Un film plastique polyane est tout d'abord posé à même la dalle. La première planche de coffrage est posée à plat sur le polyane et fixée par des tirefonds. Ensuite, des planches posées verticalement permettent d'encadrer une colonne de bottes. Les planches verticales sont fixées en partie basse par des équerres métalliques sur la planche posée à plat au sol et en partie haute sur la poutre de la structure poteaux-poutres. A l'emplacement des fenêtres sont posés des précadres en bois conçus spécifiquement pour chaque taille de fenêtre.

Une fois l'ossature montée, les bottes sont insérées entre les planches verticales, et des tasseaux horizontaux sont placés au fur et mesure de l'empilage des bottes pour les précontraindre afin d'éviter le tassement du mur. L'assemblage des bottes nécessite parfois des découpes pour ajuster le mur aux contraintes de la structure en place (fenêtres, contreventement, angles, ...). La découpe de bottes est un exercice délicat car il faut éviter de les déstructurer. Il convient donc de procéder à leur reficelage avant découpe en utilisant de grosses aiguilles fabriquées avec des fers à béton. La découpe est ensuite réalisée avec une tronçonneuse (idéale pour sa grande longueur de coupe) ou encore une scie crocodile (moins longue mais plus précise). Cependant, le but est de faire le moins de découpe possible pour optimiser le temps de pose. Il est donc indispensable de mener une réflexion en amont de la conception de la structure poteaux-poutres et également avant la conception de l'ossature de pose des bottes pour optimiser l'architecture en fonction de la taille fixe de bottes. Il est bon de savoir également que dans un lot, les bottes ne sont jamais toutes parfaitement de même longueur et qu'il peut donc être judicieux de procéder à un tri pour les calibrer et optimiser leur utilisation en fonction de zone de pose.

Les bottes doivent être parfaitement posées, avec autant de rigueur et de précision que pour monter un mur en briques :

La pose nécessite donc un ajustage réalisé à l'aide d'un persuadeur, c'est un gros maillet en bois qui permet de taper sur les bottes pour ajuster leur positionnement sans les déformer. Les murs sont ensuite préparés pour recevoir les enduits, voir Préparation des murs à la pose des enduits.

D'autres matériaux écologiques existent pour construire des murs :

Le pisé ou chanvre banché coulés dans des coffrages : mélange terre-paille, chaux-chanvre qui permettent d'obtenir des murs isolant avec un peu plus d'inertie thermique que la paille. Les liants, la chaux ou la terre, apportent l'inertie et sont couplés avec un isolant, la paille ou le chanvre. Ou encore des panneaux contre-ventant en bois avec l'isolant dans l'épaisseur du mur.

Actuellement, c'est le matériaux paille qui est le plus courant : écologiquement et économiquement c'est une solution optimale :

Le toit

Le toit de la maison SoleilS est un toit sans tuile. Il a été conçu sur une seule pente pour pouvoir être orienté totalement au sud et couvert de panneaux photovoltaïques.

La charpente s'appuie sur les arbalétriers, partie supérieure des 5 demi-fermes, les pannes (longues poutres du toit) sont posées perpendiculairement sur ces arbalétriers. La tradition veux que, lorsque la charpente est terminée, les menuisiers accrochent un bouquet au point le plus haut de la structure. Le bouquet de la maison SoleilS a été composé avec des plantes provenant du terrain : chêne vert, genets, olivier, ...

Le toit se compose de plusieurs niveaux superposés en couche.

Le niveau inférieur installé sur la charpente est constitué de caissons en bois remplis de paille de lavande. Les caissons sont ensuite recouverts de panneaux pare-pluie respirants en fibre de bois de 5 cm d'épaisseur. C'est la partie isolation.

Au niveau intermédiaire, un quadrillage est réalisé avec des lambourdes et des liteaux en épicéa classe 2 sur lesquels viennent se fixer des plaques en PEHD, c'est la partie étanchéité. Le PEHD, PolyEthylène Haute Densité, est une matière plastique non toxique (sans chlore), qui présente un écobilan assez bon et dont l'élimination pollue peu. Le PEHD est recyclable en produits de haute qualité. Inerte, facile à manier et résistant au froid, ce matériau est un excellent isolant électrique.

Au niveau supérieur sont posés les panneaux photovoltaïques et le câblage associé. ToitPanneauxSolaires2.jpg

Des ancrages sont vissés dans les liteaux à travers les plaques d'étanchéité, des équerres sont positionnées sur les ancrages et des rails sont fixés sur ces équerres. Il constituent la structure d'accueil des panneaux solaires.

Cette structure est espacée de la surface du toit d'une dizaine de centimètres pour permettre à l'air de passer sous les panneaux et créer ainsi une convection naturelle qui permet de limiter la surchauffe. La surchauffe diminuant le rendement des panneaux, ce système de ventilation est nécessaire pour assurer un fonctionnement optimum de l'installation.